Les syndicats de producteurs persistent
et choisissent l’affrontement
En vue de la réunion de négociation du 30 mai 2007, les 5 syndicats de producteurs devaient faire parvenir le 10 mai une proposition salariale commune…
Un texte de propositions communes, il n’y a pas.
L’APC (ex Chambre syndicale), l’UPF, le SPI, nous ont fait parvenir chacun un texte.
L’API quant à elle, n’a rien adressé.
En commun, tous refusent de signer le protocole d’accord reconnaissant les barèmes de salaires minima et les majorations de salaires que notre syndicat a proposé.
En commun, ils se découvrent les défenseurs inconditionnels de la diversité culturelle, mais pour ce faire, ils proposent l’institution de grilles de salaires minima et des majorations applicables spécifiquement aux films « à économie fragile », films que la plupart d’entre eux ne produisent pas…
Et pour cause du refus d’investir des partenaires financiers institutionnels du cinéma (que ce soient les diffuseurs de télévision, les Sofica, les distributeurs).Ils n’ont aucune gêne à tromper les ouvriers et techniciens et à les désinformer alors qu’ils n’ignorent pas qu’au terme des dispositions de la législation du Code du travail : « à travail égal, salaire égal », et qu’il ne saurait exister par conséquent 2, 3, 4 grilles de salaires référencées à des critères dits « d’économie fragile », c’est-à-dire à des critères de non-financement de la production d’un film.
Ces producteurs n’ont pas perdu la raison et ils ne vont pas prendre la responsabilité et à leur charge le risque financier de films dans lesquels les financiers institutionnels du cinéma ne veulent pas investir.
Ils veulent bien investir leurs frais généraux en participation, mais à l’unanimité, ils considèrent que c’est aux ouvriers et techniciens de pallier au refus de la prise de risque financière des investisseurs institutionnels du cinéma et de ces producteurs qui s’autoproclament comme tels et refusent d’assurer la contrepartie du travail des ouvriers et techniciens que sont les salaires.
À l’unanimité pour les syndicats de producteurs, c’est aux ouvriers et techniciens de prendre en charge financièrement, avec de moindres salaires, la défense de la diversité culturelle.
Ce n’est pas aux chaînes de télévision d’investir en prenant notamment dans les montants des fonds de soutien de l’état qu’elles thésaurisent, non.
Ils ne demandent pas davantage au CNC d’instituer une ligne de crédit ou de réorienter l’utilisation que constituent les montants du soutien générés par l’exploitation des films étrangers (17 M d’euros en 2004) qui sont aujourd’hui utilisés pour majorer le soutien qu’ils ont au compte de leurs sociétés.
Incapables d’exercer leurs responsabilités qui incombent à tout producteur, à toute société de production, sans complexe, alors que la masse salariale de l’équipe technique d’un film est en moyenne de 20 % de l’ensemble du devis, ils veulent casser les salaires de 20 à 40 % en transférant cette charge financière sur le dos des ouvriers et techniciens.
Diminution qui se traduira – ne l’oublions pas – par une diminution dans les mêmes proportions des indemnités Assedic, des congés, des retraites.
Ils pourraient avoir la décence de penser que, dans certains cas particuliers, et dans une volonté de réaliser tel ou tel film, il y a des possibilités légales d’associer sur la base du volontariat des ouvriers et techniciens qui souhaiteraient participer à l’économie de certains de ces films, par amitié pour un réalisateur et/ou pour l’intérêt culturel de telle ou telle œuvre.
Bien sûr, au cas où le film ferait des recettes, il faudrait aussi partager proportionnellement les recettes. Et là, c’est une autre affaire.
Dans tous les cas, cette situation ne relève pas des discussions conventionnelles et des salaires.
Pour ce qui concerne le détail des propositions qu’ils font en particulier,
c’est un véritable sac d’embrouille.
Dans le même temps, elle estime prématuré d’élaborer des « propositions détaillées » alors que doivent être prises par le prochain gouvernement des mesures concernant le régime des heures supplémentaires.
En réalité, l’UPF cherche à user d’un prétexte trompeur pour différer tout engagement de sa part quant à la signature de l’accord maintenant les conditions de salaires et de majorations actuellement en vigueur.
En effet, quelles que soient les mesures que prendra le gouvernement, cela ne change rien quant à la reconnaissance des conditions de rémunérations conventionnelles actuelles.
L’unanimité dans la diversité ?
Les syndicats de producteurs mènent une campagne outrageuse et une violente offensive contre les ouvriers et techniciens, contre leurs rémunérations et leur niveau de vie.
C’est inacceptable.
Tous, ouvriers et techniciens en grève, rassemblés et unis professionnellement et syndicalement, nous imposerons aux 5 syndicats de producteurs la prise en compte de nos rémunérations et de notre niveau de vie et le respect de la valeur de nos qualifications.
Qu’ils ne s’y trompent pas.
Le 30 mai, c’est une nouvelle réunion qui nous est proposée. Mais pour quel résultat ?
Ils n’ont fait que réitérer leurs propositions antérieures en tentant de fourvoyer les ouvriers et techniciens.
Conscients du nombre de films en tournage dans les prochaines semaines, ils jouent la diversion et tentent de différer la date de signature d’un accord.
Les syndicats de producteurs ont décidé d’affronter les ouvriers et techniciens, et dans ces conditions :
il n’y a d’autre choix, d’autre solution que l’action de grève pour imposer le respect de nos métiers et de nos conditions de vie sociale et professionnelle.
Paris, le 17 mai 2007