Suppression de la publicité sur le service public de télévision
Communiqué du Président de l’Association des Producteurs de Films Publicitaires.
“Monsieur le Premier ministre,
La suppression de la publicité dans la télévision du service public pourrait constituer une bombe à retardement pour le cinéma français.
Avec un chiffre d’affaires annuel d’environ 300 ME, la production de films publicitaires apporte 30 ME en salaires pour les réalisateurs qui se partagent les 600 films tournés pour le marché français. La très grande majorité de ces réalisateurs répartit son activité entre longs-métrages et publicité, cette dernière leur permettant de développer leur expérience des tournages, tout en leur assurant un revenu entre deux films (les intervalles pouvant être très longs).
Ce système empirique de “financement” des réalisateurs de cinéma et de leur équipe technique fonctionne parfaitement bien, sans occasionner le moindre coût pour le contribuable. Il contribue par ses cotisations aux financements des caisses des Assedic du spectacle.
La suppression de la publicité dans le service public va mécaniquement rétrécir le marché de la production de films publicitaires d’environ 30 %.
D’une part, il n’y aura pas assez d’espaces publicitaires disponibles sur les chaînes généralistes privées à audience comparable (TF1, M6, Canal+) pour se substituer à France 2 et France 3. D’autre part, le renchérissement des espaces publicitaires plus rares va chasser certains annonceurs, qui n’auront plus les moyens d’être présents sur le média télé.
30 % de moins, ce sont 10 ME de salaires qui disparaissent pour les réalisateurs. Ce sont également 30 % de moins pour tous les techniciens du cinéma qui travaillent sur ces films entre leurs longs métrages et pour toute la chaîne des industries techniques du secteur. Le mieux-disant culturel est difficile à trouver pour ces réalisateurs et ces techniciens, qui auront significativement moins de travail et qui auront, de ce fait, moins l’occasion de se révéler.
Or le film publicitaire remplit parfaitement cette fonction de développeur de talents, non seulement pour les réalisateurs (par exemple Etienne Chatilliez, Jean-Jacques Annaud, Jean-Pierre Jeunet, Jan Kounen, Michel Gondry…) mais également pour les producteurs (Charles Gassot, Claudie Ossard, Frédéric Brillon, Nicolas Duval…), les directeurs de la photographie (ils sont légion) et les spécialistes des effets spéciaux numériques. C’est toute la filière de production qui s’affaiblit et s’appauvrit.
Et, si toutefois le service public trouve un financement complémentaire, ce sera très difficilement le cas pour les réalisateurs et les techniciens du cinéma, qui travailleront bien moins chaque année, tout en augmentant la pression sur les Assedic du spectacle.
Ce n’est pas un problème accessoire, et le financement de l’audiovisuel français ne peut commencer à se repenser en détruisant des emplois qui existent et qui ne sont pas subventionnés. Il ne peut pas non plus commencer en tarissant un secteur qui pourvoit de manière très significative le cinéma en réalisateurs, producteurs et techniciens de très grande qualité.
Nous sommes certains que vous aurez la sagesse de considérer cette question, qui pose clairement le problème du développement des réalisateurs de demain et du soutien par le travail de tout un secteur d’activité.
Veuillez accepter, monsieur le Premier ministre, l’expression de mes sentiments respectueux.”
Pour l’Association des producteurs de films publicitaires, son président Georges Bermann